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50 milliards €: le poids du travail des enfants dans les importations européennes

22-08-21

50 milliards €. C’est ce que j’appelle « L’empreinte européenne du travail des enfants ». En 2019, nous avons importé des biens entachés par le travail des enfants afin de satisfaire nos besoins de consommateurs pour un montant équivalent à approximativement 100 € par Européen.

Lors de sa prise de fonctions, la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait pris l’engagement ferme d’une « tolérance zéro à l’égard du travail des enfants ». Deux années se sont écoulées et, soyons honnêtes, nous n’avons pas observé de mesures de taille visant à réaliser cette promesse. Nous sommes aujourd’hui en 2021, l’Année internationale des Nations Unies pour l’élimination du travail des enfants, qui coïncide malheureusement avec une inversion de la tendance mondiale à la baisse du travail infantile. Des années de progrès vont être balayées par la pandémie. Celle-ci va envoyer des millions d’enfants au travail à cause des fermetures d’écoles, des pertes d’emploi et de l’exacerbation de la pauvreté.

Face à ce constat, j’ai demandé la réalisation d’une étude pour donner suite à l’appel de la Présidente Ursula von der Leyen. Mon objectif est de soumettre des propositions qui placent l’UE au premier plan des efforts en matière de respect de l’ODD 8.7 pour l’éradication du travail des enfants, du travail forcé et de l’esclavage moderne d’ici 2025, dans le cadre de cette Année des Nations Unies. Cette étude chiffre le problème, et suggère des pistes pour en sortir:

Télécharger l’étude Child Labour Footprint en pdf

 https://issuu.com/saskiabricmont/docs/europe_child_labour_footprint_2019.june2021
 

Des solutions qui demandent un changement politique


Cette recherche démontre qu’une simple interdiction de l’accès au marché de l’UE pour les marchandises produites par le travail des enfants peut conduire à un résultat paradoxal : une interdiction pure et simple enserrerait encore davantage les enfants dans des activités informelles et dangereuses. Cela est d’autant plus probable dans des États qui ne font pas respecter la loi, et ne proposent aucune solution valable comme l’éducation et la protection sociale de base. L’internationalisation peut entraîner une diminution de la part du travail infantile, tout d’abord grâce à l’augmentation des revenus. Par conséquent, relever les tarifs douaniers pour sanctionner les pays au piètre bilan en la matière pourrait même aggraver le problème alors que ces mesures sont censées dissuader les pays de recourir au travail des enfants.

L’étude révèle également l’importance de conditions de travail décentes pour les femmes afin d’éviter que les enfants ne soient envoyés au travail. Une augmentation de 10 % des salaires pourrait entraîner une réduction de 10 % de l’intérêt d’envoyer les filles travailler dans les usines, les mines ou les champs. Les secteurs du textile, du cuir et des chaussures, mais aussi de l’agriculture où elles constituent la majorité de la main-d’œuvre, en sont un bon exemple.

Retrouvez ma carte blanche: Déclarer une tolérance zéro ne suffit pas, l’UE importe pour 50 milliards € de produits issus du travail infantile

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