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Loi anti-déforestation: La droite s’allie avec l’extrême droite pour détricoter le Pacte vert

15-11-24

Ce 14 novembre 2024 était un jour noir pour la lutte contre la déforestation. La droite, en alliance avec l’extrême droite au Parlement européen, a voté l’assouplissement et le report d'un an du règlement anti-déforestation. Ce vote est une rupture du cordon sanitaire et une défaite pour la nature. Je vous explique. 


Qu’est-ce que la loi anti-déforestation? 

Le règlement contre la déforestation importée avait été adopté en mai 2023 après de longues négociations et faisait partie intégrante du Pacte vert européen. Il avait été conçu pour remédier aux dommages environnementaux et sociaux de la déforestation dûe à la consommation européenne. Pour rappel, l’Union européenne est responsable de l’importation de biens qui représentent environ 15 % de la déforestation liée au commerce mondial. Une empreinte de déforestation beaucoup trop importante pour un continent qui ne compte que 6% de la population mondiale.  

Début octobre, la Commission européenne a proposé de reporter d’un an l’application de ce règlement anti-déforestation. Nous, les écologistes, sommes opposé·es à ce report. En effet, selon les estimations, un retard d’un an entraînera la disparition de 2.500 km2 supplémentaires de forêts, soit la taille de la ville de Moscou.

 

Dysfonctionnement et alliance entre la droite et l’extrême-droite

En plus de ce report, la droite conservatrice, le PPE, a déposé des amendements pour affaiblir la loi.

Hier, en séance plénière, nous, les eurodéputé·es avons dû voter. Ce vote a été teinté de dysfonctionnements. En effet, des soucis techniques liés au vote électronique ont empêché quelques eurodéputés de voter sur certains amendements. Ces dysfonctionnements, signalés par les eurodéputés au cours du vote, ont perturbé son déroulement. La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola (PPE), a cependant refusé que le vote soit recommencé alors que certains amendements venaient d'être adoptés avec une courte majorité. Certains amendements sont passés à seulement trois voix. 

Le report d’un an de la loi et les amendements qui l’affaiblissent ont donc été adoptés. Un de ces amendements crée une liste de pays “sans risque” qui seraient soumis à des exigences nettement moins strictes. Cela risque d’engendrer une brèche importante pour contourner les règles. Par ailleurs, l’adoption d’amendements signifie la réouverture des négociations avec les Etats membres, ce qui donne lieu à un processus long. 

Nous dénonçons fermement la droite qui s’est alliée à l’extrême droite pour adopter ces amendements et le texte final. Le vote était serré et la droite a choisi de briser le cordon sanitaire. Derrière ce vote, ce sont l’ensemble des textes du Pacte vert qui sont en danger et notre démocratie qui est mise à mal. 

Je m’inquiète de ce que cela laisse présager pour les cinq années à venir et pour la future Commission européenne. Celle-ci doit être approuvée (ou non) par le Parlement européen dans quinze jours. En juillet dernier, je n’avais pas soutenu Ursula Von der Leyen au poste de présidente comme je vous l’expliquais ici. Aujourd’hui, la Commission doit garantir le respect du cordon sanitaire. Elle ne doit travailler qu’avec les forces démocratiques. 

Nous, les Verts/ALE, demandons, en outre, à la Commission européenne de retirer sa proposition de report. Sans cela, c’est la porte ouverte au détricotage du Pacte vert. 

 

Article dans l'Echo ICI

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