18.07.24
L’agriculture et l’alimentation sont au cœur de toutes sociétés humaines. C’est pourquoi nous, écologistes, nous nous battons depuis toujours pour un changement de paradigme: nous voulons une agriculture rémunératrice qui libère le monde paysan de l’agro-business. L’ennemi des agriculteurs, ce n’est pas le Pacte vert, c’est la dérégulation du marché, qui crée une concurrence favorable aux exploitations industrielles aux dépens du modèle familial.
Le modèle productiviste épuise les agriculteurs comme il épuise les ressources naturelles. C’est non seulement la Politique agricole commune (PAC) qui doit être entièrement réformée, mais également les règles du marché commun. L’agriculture et l’alimentation sont au cœur de nos sociétés humaines et l’ADN des écologistes.
La PAC européenne, soutien à l’agro-business
Depuis des décennies, une politique agricole commune (PAC) fait la part belle à l’agro-business et a oublié que son objectif premier était de nourrir. Aujourd’hui, les agriculteurs, lorsqu’ils font face à des acheteurs de l’agro-industrie, ont perdu toute maîtrise du prix de vente de leur production. L’industrie alimentaire, qui intègre dans ses calculs les primes qu’ils reçoivent de la PAC, écrase constamment les marges bénéficiaires des paysans. Alors que l’Union européenne interdit la vente à perte pour tout bien manufacturé, elle autorise, et de facto elle favorise, que le fruit du labeur des agriculteurs soit vendu en pure perte.
Par ailleurs, la spéculation globale des matières premières entraîne des fluctuations incessantes, impossibles à intégrer dans un plan d’investissement à l’échelle locale.
En trois décennies de PAC, le secteur agricole wallon a perdu plus de la moitié de ses fermes et la surface agricole moyenne par exploitation n’a cessé d’augmenter.
Nature et agriculture
A la place de s’attaquer à la base du problème, la droite et les libéraux instrumentalisent la crise agricole pour mieux réaliser leur agenda électoraliste climaticide entamé il y a quelques mois. Opposer nature et agriculture est un non-sens, c’est le modèle productiviste de la droite qui doit être réformé pour une agriculture rémunératrice, où les prix payés aux producteurs reflètent les coûts de production.
Agriculture et nature n’ont jamais autant été les 2 faces d’une même pièce! Le recul sur les critères environnementaux, votés en avril 2024 par le Parlement européen malgré l’opposition des Verts/ALE, non seulement ne répond pas aux demandes des agriculteurs qui sont d’augmenter les revenus et de mettre fin au deal avec les pays du Mercosur mais il met en péril les sols agricoles et donc notre sécurité alimentaire en retardant l’adaptation nécessaire du secteur agricole au dérèglement climatique!
Nous n’aurons pas de système alimentaire stable et d’accès à l’eau potable sans écosystèmes stables, il est donc temps de restaurer les écosystèmes.
Accompagner les agriculteurs dans leur transition et les soutenir est devenu urgent pour la santé des consommateurs, et pour maintenir une planète habitable. La PAC doit récompenser les services environnementaux rendus par les agriculteurs.
Révision de la #PAC: le Parlement🇪🇺 adopte une ‘simplification’ au profit de l’agro-industrie, mais qui ne règle RIEN aux problèmes de revenu des agriculteurs et de concurrence liée aux accords de libre-échange injustes !#NoNatureNoFood pic.twitter.com/Wr6gJt3rZj
— Saskia Bricmont (@saskiabricmont) April 24, 2024
Une mise en concurrence malsaine
L’ouverture toujours plus effrénée des marchés internationaux met les paysans du monde entier en position de concurrence les uns envers les autres. Comme si un éleveur de l’Ardenne partageait les mêmes réalités qu’un éleveur argentin, comme si un maraîcher du Condroz pouvait rivaliser avec une entreprise du Kenya. L’inverse est également vrai : le paysan de l’Afrique de l’Ouest qui subit de plein fouet la concurrence déloyale de la poudre le lait fortement subsidiée et exportée depuis l’Europe n’a aucune chance de s’en sortir.
C’est ce modèle qui broie depuis des années les agriculteurs d’ici et d’ailleurs alors que tout indique que la souveraineté alimentaire sera l’enjeu de la prochaine décennie. Nous avons besoin dans chaque région du monde d’une agriculture solide, variée et durable. C’est, depuis toujours, le combat des écologistes et c’est le sens de l’histoire. L’ennemi des agriculteurs, ce n’est pas le Pacte vert. L’ennemi des agriculteurs, c’est la dérégulation du marché, qui crée une concurrence favorisant les exploitations industrialisées et voraces en produits phyto-sanitaires.
Il est temps de protéger le monde paysan
Avec Ecolo, nous proposons un autre modèle agricole
1. Nous voulons garantir un juste prix pour les agriculteurs et les agricultrices et pour les consommateurs et consommatrices,
i. via la régulation des marges brutes des entreprises de distribution alimentaire ;
ii. via la prise en compte les dégâts causés par les produits chimiques (sanitaires et environnementaux) ;
iii. via une politique publique de soutien à la consommation responsable, comme avec le programme de cantines durables que nous avons lancé pour fournir une alimentation de qualité, saine et durable dans toutes les écoles, crèches, hôpitaux et maisons de repos qui le souhaitent en cofinançant jusqu'à 70% du coût des aliments Bio. Nous avons également d'autres propositions ciblées pour augmenter le pouvoir de vivre dignement des personnes aux revenus bas et une proposition globale pour garantir à tous et toutes la sécurité sociale de l'alimentation.
2. Nous continuerons de soutenir la transition agricole via des aides agricoles revalorisées pour la réduction des intrants, l'agriculture Bio et les écorégimes favorables à l'environnement, ainsi que les mesures agro-environnementales et climatiques.
3. Nous voulons une réglementation claire sur l'utilisation des pesticides et nous proposons une zone tampon Nous voulons notamment la sortie des pesticides PFAS.
4. Nous voulons protéger notre économie, notre environnement et notre santé face au commerce international par des accords d'échange avec des normes égales, miroirs, et nous réclamons l'exception alimentaire au niveau européen pour favoriser les produits alimentaires locaux qui respectent l'environnement, la santé et la juste rémunération des agriculteurs et des agricultrices.
5. Nous voulons une simplification administrative.
6. Nous voulons depuis toujours réguler l'accès au foncier agricole. Nous avons proposé un organisme public de régulation des ventes.
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