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Sommet UE-Amérique latine : une opportunité pour refonder nos relations au bénéfice de tou.te.s

17-07-23

J’interviens ce 17 juillet aujourd’hui à la demande des ONG qui organisent un contre-sommet UE-Amérique latine, à la veille de la rencontre officielle entre les chefs d’Etats et de gouvernement. Il est temps de lancer un nouveau partenariat entre nos deux continents, au bénéfice de tou.tes.

 

La rencontre entre dirigeant.es européens et sud-américains est fortement attendue. Et pour cause : elle n’avait plus été organisée depuis huit ans ! De nombreux dossiers sont à discuter, que ce soient les mesures du Green Deal (comme le règlement anti-déforestation) ou la position de certains pays sud-américains sur la guerre en Ukraine. Voire même, espérons-le, les évolutions en matière de droits humains et d’Objectif de Développement Durable.

Ce sera aussi l’occasion de mettre sur la table les accords de commerce, en particulier celui avec le Mercosur (les parties veulent le boucler d’ici la fin de l’année, mais les discussions achoppent sur différents points, sachant que l’accord est une menace pour le climat, la biodiversité, la santé publique, les revenus des agriculteurs, les droits des populations autochtones ; rien que ça !). Mais aussi celui avec le Chili (bien plus avancé, puisque les préparatifs pour sa signature d’ici quelques mois se précisent) ou celui avec le Mexique (dont il apparaît qu’il ne verra pas le jour sous cette législature). Sans compter que la Belgique risque de sentir une nouvelle pression pour finaliser la ratification de deux accords pour lesquels sa signature manque, ceux avec la Communauté andine (Colombie, Pérou et Equateur) d’une part et avec l’Amérique centrale (El Salvador, Nicaragua, Guatemala, Costa Rica, Honduras, Panama) d’autre part. Concernant ces deux accords, Ecolo essaie d’obtenir de nouveaux engagements pour améliorer la portée des clauses de durabilité, conformément aux récentes études analysant les impacts depuis que certaines dispositions de l’accord ont pu entrer en vigueur il y a près d’une décennie.

 

Des partenariats au bénéfice de tou.tes

Notre message principal est qu’il ne suffit pas d’affirmer que l’on veut renforcer les liens des deux côtés de l’océan. Plus que cela, nous voulons que les fondations du partenariat soient repensées de manière à ce que tout individu « lambda » puisse bénéficier de l’accord, et pas seulement les grandes entreprises et leurs actionnaires ! 

D’ailleurs, il est aberrant que nos relations économiques continuent à enfoncer ces pays dans un modèle agro-productiviste fondé sur un recours massif aux pesticides et aux herbicides (beaucoup étant interdits en Europe en raison de leur dangerosité), aux antimicrobiens (parce que l’élevage du bétail se fait dans des fermes industrielles) et sur un accaparement des terres des populations indigènes alors que 22,5% (chiffres Nations unies 2022) de la population locale vit dans un état de malnutrition. Autrement dit, la production de ces pays est destinée aux marchés internationaux et européens plutôt qu’à assouvir les besoins nutritionnels de la population ! Et on n’en reste pas là car l’agriculture intensive, stimulée par les accords de commerce, détériore la qualité de l’eau qui est impropre à la consommation.

 

Les ODD pour fixer le cap

Les 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) doivent, dans ce cadre aussi, être la boussole qui nous aiguille. Et force est de reconnaitre que les pays latino-américains sont à la peine sur un certain nombre d’entre eux. Notamment ceux relatifs à l’éradication de la pauvreté et de la faim, à l’égalité des genres, à la réduction des inégalités, à des modes de consommation et de production durables, à des villes propres. Ceci me porte à croire que les aspects sociaux et environnementaux de nos relations doivent être davantage mis en avant.

Ensuite, il faut soutenir par des investissements massifs la transition qui s’enclenche dans ces pays. La Banque InteraméricaineInter-Américaine de Développement a indiqué il y a quelques mois qu’il faudrait un surplus d'investissement ded’investissement de l’ordre de 2.200 milliards $ pour se rapprocher des ODD d’ici 2030 (soit un effort annuel équivalent à un peu plus de 3% de leur PIB). L’UE peut faciliter les choses en mobilisant son instrument financier appelé Global Gateway. Mais, il faut alors assurer la transparence dans le choix des projets qui seraient éligibles à son intervention. On ne peut se permettre de reproduire les erreurs commises après le Sommet de février 2022 avec l’Afrique lorsque l’UE a promis de débloquer 150 milliards € d’investissement et que peu de choses concrètes ont suivi. Il faut donner à la société civile un droit de regard sur la sélection des projets et l’évaluation de leur développement et de leurs effets. 

 

Etre à l’écoute de la société civile

L’implication de la société civile doit ressortir clairement des engagements qui seront pris lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement. La Commission européenne et le « Ministère des Affaires étrangères » de l’UE (« EEAS ») ont proposé à juste titre d’établir un mécanisme de dialogue plus réguliers entre tous les pays concernés. Il conviendrait à juste titre de le doubler d’une plateforme de la société civile pour faciliter les échanges et surmonter les difficultés liées à des cycles électoraux de quatre ou cinq ans qui compliquent la prise d’engagements dans le long terme et dans l’intérêt collectif.

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