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Lutte contre la précarité menstruelle en Europe : un impératif démocratique

03-06-25

Ce 3 juin 2025, à l’occasion de la conférence « Précarité menstruelle en Europe: Défis actuels, pistes et perspectives » que j’organisais au Parlement européen avec mes collègues Mélissa Camara et Diana Riba i Giner, une nouvelle étude de référence a été dévoilée. Pour la première fois, ce rapport rassemble des données à l’échelle européenne sur un sujet longtemps invisibilisé: la précarité menstruelle.

 

Une réalité trop souvent ignorée

La précarité menstruelle ne se limite pas au simple manque d’accès aux protections hygiéniques. Elle englobe également l’absence d’infrastructures sanitaires adaptées, le poids persistant des tabous culturels et le déficit criant d’éducation autour des règles.

Il faut rappeler que plus de 50 % de la population est concernée par les menstruations. Au cours de leur vie, les femmes passent en moyenne environ 7 années à avoir leurs règles. Pourtant, dans l’Union européenne, 42 % des personnes menstruées déclarent avoir vécu une situation de précarité menstruelle au cours des 12 derniers mois. Ce chiffre est alarmant.

Des chiffres révélateurs

L’étude dévoile plusieurs constats édifiants :

  • 51 % des Européens et Européennes considèrent les règles comme un sujet tabou, voire très tabou.
  • 54 % des personnes interrogées n’ont jamais entendu parler de pathologies liées aux règles (comme l’endométriose), un chiffre qui reste très élevé même parmi les personnes concernées (48 %).
  • Une part significative de la population a déjà dû renoncer à une activité quotidienne – école, travail, sport – à cause de douleurs menstruelles non prises en charge.

Focus sur la Belgique

La situation en Belgique illustre parfaitement cette réalité européenne :

  • 30 % des femmes y vivent en situation de précarité menstruelle, un chiffre dans la moyenne haute de l’UE.
  • 5 % des jeunes filles ont déjà manqué l’école ou une activité par manque de protections ou d’infrastructures adaptées.
  • 50 % des femmes déclarent ne pas avoir su quoi faire lors de leurs premières règles, par manque d’éducation.
  • 31 % estiment que les règles restent un sujet tabou au sein de leur propre famille.
  • la TVA sur les protections hygiéniques reste à 6 %, contre 0 % dans certains pays européens comme l’Irlande ou Malte.

Une urgence démocratique

Comme le souligne l’introduction de l’étude : « La précarité menstruelle est une violation directe de l'égalité, de la dignité et du droit à la santé. Cette réalité, longtemps rendue invisible, n’est plus tolérable. »

Lutter contre la précarité menstruelle ne peut plus être considéré comme secondaire. C’est un impératif démocratique. Cela signifie garantir à chaque personne menstruée l'accès à des protections sûres, à une information complète et à des conditions sanitaires respectueuses. Cela signifie aussi faire des règles un sujet d’éducation, de santé publique et de justice sociale.

Une mobilisation collective

La conférence de ce jour, organisée au Parlement européen, marque un tournant qui doit être suivi des faits. Elle a réuni des organisations de terrain engagées comme Règles Élémentaires (France), BruZelle (Belgique) et Akcja Menstruacja (Pologne), ainsi qu’une représentante de la Commission européenne. L’étude propose des recommandations concrètes pour faire de la lutte contre la précarité menstruelle une priorité européenne.

 

Parce qu’aucune personne ne devrait avoir à choisir entre manger et acheter une protection hygiénique !

Parce qu’aucun élève ne devrait manquer l’école faute de toilettes adaptées !

Parce que l’égalité ne peut souffrir d’exception ! 

 

Retrouvez la vidéo de la conférence (en anglais) : https://www.youtube.com/watch?v=ib_1RumaK0c 

Retrouvez l’étude (en anglais) : https://issuu.com/saskiabricmont/docs/tackling_period_poverty_in_the_eu_current_challe

 

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