
Ce matin, au sein de la commission des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen, nous avons franchi une étape majeure dans la lutte contre les abus et l’exploitation sexuelle des enfants. Je suis rapportrice pour les Verts/ALE sur ce texte, et je me félicite des avancées qu'il représente pour les droits des enfants.
La directive actuelle pour lutter contre les abus et l’exploitation sexuelle des enfants, qui date de 2011, n'est plus à la hauteur des enjeux. Elle laissait trop de failles, alors que les chiffres sont alarmants : on estime qu’au moins un enfant sur dix est ou a été victime d’abus ou d’exploitation sexuels. Face à cette réalité, l’inaction n’était tout simplement pas une option. C’est pourquoi nous avons travaillé d’arrache-pied pour bâtir un texte ambitieux, qui constitue un véritable bouclier pour les enfants d’aujourd’hui et de demain.
Cette révision harmonise enfin les définitions des infractions à travers l’Union européenne, renforce les sanctions, allonge les délais de prescription et améliore les dispositifs de prévention et de soutien aux victimes. Parmi les avancées majeures, je tiens à souligner l’introduction de nouveaux délits, notamment la criminalisation des “manuels pédocriminels”, ces documents qui circulent en ligne pour conseiller les auteurs d’abus. Il était grand temps de reconnaître ce phénomène afin de s'y attaquer.
Nous avons également veillé à mieux protéger les enfants les plus vulnérables : ceux placés en institution, les enfants migrants, ou encore les enfants LGBTQI+. Le développement du modèle “Barnahus”, une justice adaptée aux enfants, est une avancée que je défends avec force. Elle permet aux jeunes victimes d’être entendues dans un environnement sécurisé et bienveillant, respectueux de leurs droits et de leur dignité.
Ce texte marque aussi un changement de paradigme. Avec l’introduction d’une définition claire du consentement, nous adressons un message fort : nous ne tolérerons plus les effets destructeurs de la culture du viol sur nos enfants et sur notre société. Il s'agit d’un pas important vers une Europe plus juste, plus protectrice et plus consciente des réalités vécues par les enfants victimes de violences sexuelles.
Ce vote est une victoire, mais la bataille n’est pas terminée. La directive doit encore être débattue par les États membres. Malheureusement, leur position actuelle reste largement en deçà de celle du Parlement européen. J’en appelle à leur responsabilité. Il est temps qu’ils prennent pleinement la mesure de l’enjeu. L’avenir de millions d’enfants est entre leurs mains.
Je continuerai, pour ma part, à me battre avec détermination pour que cette directive devienne une réalité et qu’elle change profondément les choses. Les enfants méritent notre plus haute vigilance. Protéger leur intégrité et leurs droits, c’est poser les bases d’une société plus humaine, plus sûre, plus digne.