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Les points-clés du scandale Pegasus

25-02-22

Retour dans les grandes lignes sur l’affaire Pegasus, qui a mis à jour un espionnage de grande ampleur contre les militants des droits humains à travers le monde.

 

L’affaire Pegasus, c’est quoi ?

Le 19 juillet 2021, un consortium de médias internationaux coordonné par l’équipe de Forbidden Stories a révélé un scandale d’espionnage majeur. Plusieurs Etats dont des Etats européens ont utilisé le logiciel Pegasus commercialisé par la société israélienne NSO, pour espionner des élus et opposants politiques, des avocats, des journalistes, des militants des droits humains et des activistes politiques… via leur smartphone. Ce logiciel pouvait notamment activer à distance la caméra et le micro de l’appareil, écouter les conversations, surveiller leur activité en ligne, transférer les fichiers stockés sur le téléphone…

 

Quelle est l’ampleur de cette vague d’espionnage ?

On ne le sait pas encore précisément, mais elle est gigantesque. On dénombre jusqu’ici 50.000 victimes dont les téléphones qui ont été ciblés. Il y en a certainement plus, puisque les révélations se poursuivent.

Parmi les victimes, on retrouve en Europe le président du Conseil Charles Michel, l’ancien commissaire et député européen Louis Michel, l’ancien député européen Ernest Maragall mais aussi des journalistes comme Edwy Plenel ou Dominique Simonnot (aujourd’hui contrôleuse des lieux de détention en France. En Belgique, ce sont des journalistes couvrant l’Afrique et notamment le Rwanda, la fille d’un leader de l’opposition au Rwanda mais aussi un  militant de la cause sahraouie qui ont été ciblées.

En Pologne et en Hongrie, ce sont des activistes de l’opposition mais aussi des procureurs qui ont été mis sur écoute par leur propre gouvernement.

Ailleurs dans le monde, le gouvernement azerbaïdjanais a surveillé Khadija Ismayilova, une journaliste dénonçant la corruption. Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, a été espionné par le Maroc. Hatice Cengiz, fiancée de l’éditorialiste assassiné au sein de l’ambassade d’Arabie saoudite Jamal Khashoggi, a été espionnée par ce pays.

 

Pourquoi cela est grave pour tou.tes les citoyen.nes ?

Tout le monde n’est pas espionné en permanence par Pegasus. Pourtant, c’est l’ensemble de la société qui pâtit de ces faits d’espionnage. On trouve parmi les victimes de nombreux journalistes, des élus, des opposants, des avocats… Autant de personnes qui ont en commun de défendre les droits humains et libertés politiques. Le fait de savoir que leurs moindres faits et gestes peuvent être connus de tous peut avoir un effet d’autocensure : ces militants préfèrent se taire, réduire leurs activités, pour éviter d’être pris pour cible. En s’en prenant aux droits fondamentaux de celles et ceux qui luttent pour les droits de tous, Pegasus nuit à l’ensemble de la société. C'est pour cela que je plaide pour que la société NSO soit sanctionnée.

 

Comment les concepteurs de Pegasus défendent-ils leur produit ?


NSO, l’entreprise privée israélienne qui a conçu Pegasus, assure ne pas l’avoir développé pour empêcher des citoyens de s’exprimer, mais pour « lutter contre le terrorisme et la criminalité ». Cette affirmation ne tient pas la route : NSO ne pouvait ignorer que nombre de ses clients utiliseraient Pegasus pour en faire ce qu’ils veulent (c'est pourquoi je demande des sanctions contre cette société). Trop souvent, le motif de  la sécurité ou de lutte contre le terrorisme, servent en réalité à restreindre les libertés et faire taire des opposants, qui se battent pour le respect des droits fondamentaux de toutes et tous. Cet argument est d’autant plus fallacieux que d’autres techniques, plus efficaces et moins nocives pour le collectif, existent pour lutter contre les dangers invoqués.

 

Quelle est l’implication des Etats européens ?

Il est établi que la Hongrie et la Pologne, ont eu recours à ce logiciel. Qu’en est-il des autres ? On ne le sait pas. Il n’est pas exclu que de futures révélations impliquent d’autres Etats. Il est primordial de savoir quels États membres ont acheté ce service, et à quelles fins. Il faudra ensuite voir quels Etats tiers y ont eu recours, notamment pour ceux avec lesquels nous avons des accords de coopération policière (le Maroc, par exemple).

 

Quelle a été la réaction des Etats européens ?

Les Etats européens ont réagi très mollement au vu de la gravité de l’affaire. Et cela pose question : comment se fait-il que des pays dont les ressortissants, parfois les dirigeants, ont été espionnés, ne disent rien ? De là à imaginer que ce genre d’espionnage est monnaie courante et que bien des pays y ont recours, il n’y a qu’un pas. Il est impératif de faire la lumière sur ces agissements si on ne veut pas voir le doute s’instiller dans l’esprit des citoyens.

 
Que peuvent faire les eurodéputés ?

Pour moi, il n’est pas question de se résigner ! Avec le groupe des Verts-ALE, nous demandons une commission d’enquête sur ce scandale, afin de répondre aux multiples questions qui se posent. De manière plus générale, il est nécessaire de décréter un moratoire sur l’usage et l’exportation de ces technologies. Il est inimaginable qu’on laisse se développer des technologies qui nuisent aux droits fondamentaux de nos citoyens.

 

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